Le DSI a t-il la tête dans les nuage ?

Le Cloud Computing nous ouvre un paradigme de plus dans ce monde virtuel que représentera demain l’IT Governance as a service, l’« ITGaaS » !

Que faut-il penser de cette folle promesse ? Avant tout, une certitude : le Cloud affranchit le DSI de pans entiers des activités de son périmètre et donc de ses  propres prérogatives. Que l’on se rassure, ce nouveau paradigme lui offrira certainement aussi de nouvelles opportunités mais uniquement pour ceux qui voudront bien en comprendre les enjeux.

Afin de mieux comprendre cette évolution, faisons un bref rappel sur le concept même du Cloud Computing (CC). Le CC est sans conteste un nouveau modèle économique, organisationnel et relationnel à travers lequel des ressources informatiques sont transformées puis proposées sous la forme de Services et partagées en ligne, à des clients dont la facturation prend souvent la forme d’un abonnement mais dont la consommation s’effectue en fonction de l’usage réellement  effectué.

Mais  au-delà de l’évolution technologique c’est donc avant tout une révolution des usages de l’informatique dont il est question au sein de nos organisations.

Que ce soit dans l’utilisation quotidienne d’un service applicatif ou logiciel ( Software as a Services, Saas), dans le développement même d’une application ou la mise en place d’un environnement (Platform as a Service, PaaS) ou dans le cadre d’un hébergement (Infrastructure as a Service, Iaas), le CC peut s’inviter à peu près à tous les niveaux de l’informatique afin de faciliter, dans une logique Pay per View, l’utilisation de ces services directement par les Métiers (accessoirement les demandeurs et les payeurs).

Les avantages du CC sont nombreux. En particulier, nous pouvons retenir les suivants (Cf. Etude sur le Cloud Computing du Syntec Avril2010) :

  1. La diminution de l’investissement Initial
  2. La grande flexibilité et donc la réduction des   délais de déploiement
  3. L’optimisation de l’impact financier :   OPEX (fonction.) plutôt que CAPEX (immo.)
  4. Une meilleure maîtrise des coûts (maintenance,   mise à jour, support, …)
  5. Une implication plus forte et permanente des   prestataires de CC
  6. Une allocation intelligence et dynamique de   capacité et des pics de charges
  7. Une approche Green IT transparente et   valorisante pour l’entreprise

 

Mais est-ce que cela règle pour autant l’ensemble des problèmes auquel est confronté le DSI ? Il serait trop utopique d’y croire et de déclarer Ex Cathedra à celui qui voudra bien l’entendre : « Nous n’avons plus besoin du DSI et c’est maintenant entre les Métiers et les Cloud Computeurs que les choses vont s’opérer ! ».

En effet, le DSI a depuis toujours souffert d’une activité intensive et pas toujours valorisante dans les parties basses et moyennes de son métier, je veux parler des couches Infra. et réseaux mais aussi middleware et applicatives.

Cette activité étant, nous le savons tous,  largement chronophage et onéreuse, laisse finalement assez peu de temps au DSI à se consacrer à la partie noble de son activité, c’est-à-dire le SI dans sa double dimension : Transformation et Innovation en relation avec les Métiers, le Business et la stratégie de l’entreprise.

En effet, un constat le confirme dans cette position inconfortable : 70% des activités et donc des investissements d’une DSI sont représentées par la gestion de l’Existant et 30% dans le meilleurs des cas par la Création de valeur.

C’est paradoxalement une occasion unique pour le DSI – grâce à l’externalisation d’une partie de ses services IT – de consacrer plus de temps à des sujets habituellement reportés ou pire traités « à la va vite » en fonction des urgences à traiter.

Nous pouvons donc nous risquer un peu en évoquant 10 activités clés pour lesquelles le DSI va devoir se consacrer davantage :

1. La Communication : Rôle essentiel d’échange et donc de proximité avec les Métiers et la Direction Générale. Le DSI va enfin pouvoir consacrer du temps dans l’évolution du langage IT en langage Métier et pouvoir ainsi communiquer plus facilement sur ses activités et surtout sa proposition de valeur envers les membres du Comex et notamment du Directeur Financier qui n’attendent qu’une seule réponse à une seule question : Que nous rapporte réellement en termes de valeur nos investissements IT et IS ?

2. L’Innovation : « L’innovation systématique requiert la volonté de considérer le changement comme une opportunité » (Peter Drucker).

Nous comprenons à travers cette brève  mais éloquente citation que la contribution du SI dans sa dimension d’Innovation est bien au service de la transformation et donc des Métiers et du Business en général. Le SI est donc un acteur et un contributeur majeur dans ce domaine, mais encore faut-il en être convaincu, d’y consacrer du temps et de l’argent afin de pouvoir apprécier des résultats concrets et durables pour l’entreprise.

N’oublions pas enfin qu’une entreprise qui n’innove pas ou plus est une entreprise qui se meurt…

3. La connaissance Métier : Voilà le véritable défi du DSI qui va enfin pouvoir s’intéresser pleinement aux Métiers de son entreprise. Cette connaissance passe par l’implication systématique et permanente du DSI et de ses services aux comités Métiers de l’entreprise.

Les Métiers par l’intermédiaire du CC vont aussi jouer un rôle important de prescripteurs sur les applications et les services « Cloud Computés » dont ils  vont avoir besoin. C’est Le Métier qui va probablement être le plus souvent en prise directe avec les fournisseurs de Cloud notamment sur la partie SaaS. La DSI accompagnera le Métier dans ses initiatives et surtout ses besoins et exigences afin d’orienter au mieux les choix qui seront fait en matière de CC.

4. Le Pilotage et Coordination de Services : Le DSI a et aura de plus en plus un rôle prépondérant dans la stratégie, le pilotage et finalement « l’intermédiation » des activités et des services « Cloud Computés ». Car si le Métier devient à terme le consommateur directe et final de ses services, ce dernier n’aura certainement ni le temps ni la compétence d’en assurer la veille, la sélection, la contractualisation, le suivi Qualité&Risques (Sécurité, confidentialité, réversibilité, restauration,…) des fournisseurs de services dans les nuages.

Gageons aussi que ce nouveau challenge permettra, si les résultats sont au rendez-vous, de rapprocher davantage le DSI de son Comex afin de le considérer enfin comme un acteur majeur et incontournable de ses enjeux, de sa stratégie et de la performance globale de l’organisation.

5. La Conduite du Changement : Favoriser l’adhésion puis l’appropriation, voici un sujet de préoccupation sur lequel le DSI « exonéré » va également pourvoir se concentrer. Elément connexe de la création de valeur est bien entendu la valeur d’usage et donc de la capacité qu’auront les Métiers et donc les utilisateurs finaux à utiliser à terme une nouvelle technologie, une nouvelle application afin d’améliorer soit leur productivité de façon significative ou bien d’améliorer tout simplement leurs ventes et donc par ce prisme la valeur de l’entreprise toute entière !

6. Le ROI : Le Retour sur Investissement est la mesure du gain obtenu au bout d’un certain temps sur les investissements IT consentis dans le cadre de projets ou d’activités à fortes composantes informatiques. Il est de fait un indicateur clé à mesurer et à présenter au Comex sous une forme compréhensible pour le CFO en particulier et plus généralement pour le top management.

7. L’agilité : De manière concise, l’agilité d’une entreprise représente la faculté de celle-ci à s’adapter à une modification de son environnement interne ou externe. Adapter ses outils, ses services et ses méthodes de travail au bénéfice du Métier en fonction des changements demandés au niveau local ou de façon plus générale qui concoure à la transformation de l’entreprise.

8. La Création de Valeur : L’externalisation et a fortiori le CC est une des composantes de la création de Valeur en agissant principalement sur la rentabilité des capitaux investis. Le CC permet effectivement de générer un gain d’exploitation plus élevé en favorisant l’Opex (Dépense d’investissement) au détriment du CAPEX (dépense immobilisés), mais cette analyse « bilantielle » favorable ne suffit pas. En effet, la vraie création de valeur par le SI  se situe sur 2 autres plans :

a.        d’une part sa contribution à l’atteinte d’objectifs Business définis à l’avance (Le Business Case) ;

b.      et d’autre part la mesure de la valeur d’usage c’est-à-dire la le degré d’utilisation et surtout de satisfaction des utilisateurs à qui est destiné l’application.

 Dont nous pouvons nous risquer à donner une première définition de la création de la valeur par le SI : C’est la contribution maximale de ce dernier à la réalisation des objectifs fixés par l’entreprise mesurables et attendus par le Métier et l’intégration satisfaisante de ces derniers à la valeur Business de l’organisation.

 9. L’amélioration continue : Suivant la loi immuable de Deming (Sa fameuse roue à 4 dents que représente le PDCA) Le dernier cran prévu est Act dans le sens améliorer sans cesse, ne pas interrompre le processus et tirer les leçons sur l’expérience et le temps passé.

 Le Point 10 n’est pas précisé sur le schéma car tout en étant essentiel il n’en reste pas moins subjectif et très personnel, Il est double et concerne 2 qualités majeurs du DSI dans ses nouveaux attributs : c’est l’enthousiasme et l’audace : Sans ces 2 composantes le DSI devra faire face à ces nouveaux défis seul contre tous. Il doit être audacieux dans ses choix, dans ses nouvelles relations avec l’extérieure ou alliances en interne et doit conduire son action avec enthousiasme car c’est probablement le seul moteur qu’il aura afin de relever ses innombrables défis qui l’attendent.

Conclusions : Avant que le CC confirme sa place dans un marché extrêmement prudent et frileux, le DSI doit pourtant se préparer à évoluer dans ce sens et se tenir prêt dans sa tête, ses équipes et ses processus à affronter une nouvelle déferlante afin de tenir bon le cap fixé par l’entreprise via les Métiers.

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